La singularité des vagues de contestations populaires réside dans l’incapacité des analystes à en prédire l’avenir, tant les conditions d’émergence de ces mouvements sont multiformes et complexes.
Le caractère diffus des revendications populaires qui nous viennent du Mali ainsi que l’hétérogénéité de ses représentants remet en cause toutes les prédictions quand à la réussite de ses mouvements ou non. Car malgré un but commun, les stratégies et les ambitions divergent.
L’aboutissement incertain, de la contestation populaire malienne de ces derniers mois, laissait entrevoir malgré tout une lueur d’espoir, tant la détermination de la jeunesse impactait ce pouvoir acculé et pied au mur.
Il ne fallait qu’un coup de grâce pour satisfaire la volonté populaire, à savoir la démission du gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keita.
C’est ce coup de grâce que porta sans coup férir une partie de l’armée – plus efficace dans les dédales des Palais à Bamako que sur le champ de bataille- au régime agonisant d’IBK.
En fin stratège doublé d’un opportuniste de circonstance l’armée se fait sentinelle de la démocratie et chantre de l’alternance auprès des populations civiles qui ont creusé les tranchées d’une révolution populaire, opposant au régime en place une détermination au prix de leurs vies.
L’armée, qui s’invita par effraction -dans les mouvements de contestation populaire- en sa qualité d’arbitre intéressé, met en lumière par ailleurs les limites de cette vague de mouvement populaire. Composée majoritairement d’une jeunesse issus de la société civile mais entourée par des figures politiques, qui ont servi les différents régimes, dont la tête de pont n’est autre que l’Imam Dicko (avec un parcours et un agenda politique différent).
Le coup d’état mené par les mutins de Kati trouve son origine plus dans un problème interne à l’institution militaire qu’à une forme d’adhésion ou de sympathie à l’endroit des manifestants.
L’armée a profité du climat de tension sociale et politique pour récupérer les dividendes d’une révolution populaire face à un pouvoir vacillant malmené par une jeunesse vaillante. L’opportunité -de ce coup d’état – a été offerte par la mobilisation et la détermination de la société civile.
Ainsi, il ne faut pas que la rue – le peuple souverain- se fasse voler sa victoire par une partie de l’armée dont les précédents assauts sur le champ de bataille politique et démocratique n’étaient pas reluisants.
Si l’armée a intervenu pour le bien du Peuple Malien martyr et artisan de cette révolution, elle doit, dès la transition en vue, rendre au Peuple ce qui lui appartient, à savoir sa révolution et le fruit de sa révolution.
Ne pas se faire voler sa révolution, c’est de refuser que la soldatesque supplante l’autocratie même par dépit ou désarroi légitime.
Diallo Saidou Dit Thierno,
pour ADN
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