« Ce que cache le capitalisme contemporain », un essai de Lukas Junior Lubela

Dans cet essai, l’auteur apporte une précision au système économique en définissant le capitalisme dit « contemporain ». En démontrant l’existence et la pertinence de l’application rigoureuse et volontaire des principes capitalistes contemporains, l’auteur propose ici un modèle de développement révolutionnaire.

Pourquoi certains pays du monde réussissent là où d’autres échouent?

Dans le grand concert des nations, un pays n’est véritablement considéré par les autres que lorsqu’il dispose d’une économie forte, dynamique et diversifiée. Parmi les différents systèmes économiques, le capitalisme est celui qui a convaincu le plus de nations. Mais ce système connaît aussi ses écueils. S’il apporte prospérité et meilleures conditions de vie à certains, il cause désolation et pauvreté à d’autres. Ainsi le monde s’est retrouvé divisé en deux blocs : les pays développés et les pays sous-développés. Et si le problème n’était pas le capitalisme en lui-même mais son application ? Dans cet essai, l’auteur apporte une précision au système économique en définissant le capitalisme dit « contemporain ». En effet, comprendre et assimiler la différence entre capitalisme « classique » et capitalisme « contemporain » constitue la clé pour mieux cerner les difficultés économiques, institutionnelles et politiques auxquelles font face les pays en développement et y remédier. En démontrant l’existence et la pertinence de l’application rigoureuse et volontaire des principes capitalistes contemporains, l’auteur propose ici un modèle de développement révolutionnaire.

L’AUTEURE-Lukas Junior Lubela
Né à Lubumbashi, en République démocratique du Congo, le 5 février 1995, Lukas Junior Lubela est le deuxième d’une famille de sept enfants. Il a fait des études en économie à l’Université de Lubumbashi. Célibataire, il travaille actuellement comme banquier au sein de la Trust Merchant Bank, à Lubumbashi.

EXTRAIT
En effet, le modèle de développement par relais est une stratégie de développement qui milite pour l’acquisition et la diffusion des connaissances techniques et du savoir-faire par le renforcement des structures institutionnelles afin de promouvoir le développement économique d’un pays. Il ne s’agit plus seulement de consentir à l’octroi des facilités ou crédits bancaires aux pays en développement, mais il devient également question de permettre l’acquisition de compétences et de savoir-faire techniques afin d’orienter et de canaliser les capitaux ainsi obtenus vers le financement des secteurs d’activité stratégiques pour garantir une croissance économique forte et dynamique.

FICHETECHNIQUE
Genre : essai (économie); Format : 14,8 x 21 cm; Pages : 96 pages
ISBN : 978-2-35523-676-1
Prix : 14,20 €

Éditions Jets d’Encre, 81 avenue du Bac, 94210 Saint-Maur-des-Fossés
Tél. (33) 01 48 86 18 76, Email : presse@jetsdencre.fr, Web : http://www.jetsdencre.fr

UNECA, en partenariat avec Betacube, lance l’appel à candidatures du programme Tech African Women

UNECA (United Nations Economic Commission for Africa), en partenariat avec Betacube, annonce le lancement du nouveau programme Tech African Women, invitant les startups en phase d’idéation d’Éthiopie, du Sénégal, de Tanzanie et de Tunisie dirigées par des femmes à soumettre leurs candidatures.

Le programme TAW (Tech African Women) a pour objectif d’accompagner les femmes entrepreneurs dans le développement de leurs compétences afin de créer des startups tech avec un grand potentiel de réussite, d’accélérer la transformation d’idées de projets en business models viables et de développer des opportunités entre différents écosystèmes africains.

Le programme se déroulera d’août à décembre 2022 et se compose de 3 phases principales :

  1. Un bootcamp de 3 jours se tiendra en Tunisie, au Sénégal, en Éthiopie et en Tanzanie en partenariat avec des acteurs locaux de l’écosystème. L’équipe gagnante de chaque bootcamp remportera un prix de 2000$
  2. Un programme d’incubation de 2 mois, 100% en ligne, accessible aux 2 startups gagnantes de chaque pays
  3. Une cérémonie finale au Rwanda où les 8 startups seront invitées à pitcher pour remporter le prix final du programme : prix de 7000$ pour la meilleure startup.

TAW s’adresse aux femmes porteuses de projets tech et leur offre l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences entrepreneuriales, d’établir des partenariats avec d’autres entrepreneurs africains, d’accroître la visibilité des entreprises à l’échelle régionale et de faciliter l’accès au financement. Le programme propose des solutions qui répondent aux Objectifs de Développement Durable (ODD) en accompagnant les femmes entrepreneurs qui souhaitent jouer un rôle clé dans l’évolution du continent notamment à travers leurs startups à impact.

Pendant toute la durée du programme d’incubation, les équipes auront accès à un réseau de développeurs et de designers qui développeront gratuitement leurs MVP, travailleront en étroite collaboration avec des experts en marketing, en finance et assisteront à des webinaires, sur mesure, animés par des formateurs internationaux. Les mises en relation avec des investisseurs potentiels et des partenaires commerciaux seront facilitées grâce au réseau local et international de Betacube.

Comment participer ?

Les participants doivent être des ressortissants tunisiens, tanzaniens, sénégalais ou éthiopiens, avoir une idée d’une startup tech qui répond à un des Objectifs de Développement Durable, être une femme âgée de 18 à 35 ans et être capable de communiquer couramment en français ou en anglais.

Les candidatures sont ouvertes pour les 4 pays sur le site officiel du programme www.techafricanwomen.com, jusqu’au 10 aoûtpour la Tunisie et jusqu’au 17 août pour l’Ethiopie, le Sénégal et la Tanzanie.

Lancement officiel : Rabat, Capitale Africaine de la Culture 2022 !


La ville marocaine de Rabat a lancé la saison « Capitale Africaine de la Culture » pour l’édition 2022.



Plus de 86 évènements seront organisés dans la ville jusqu’en mai 2023 pour promouvoir la richesse et la diversité des cultures du continent africain. Des artistes et acteurs culturels venus des quatre coins du continent seront mis à l’honneur lors de cette manifestation qui vise à promouvoir la création, le dialogue et tolérance entre les territoires.
 

La saison « Rabat, Capitale Africaine de la Culture » a débuté le vendredi 24 juin 2022, par une cérémonie d’ouverture au Théâtre Mohammed V de Rabat, en présence de Mohamed Mehdi Bensaïd, Ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Maroc. La ville de Rabat devient ainsi I ‘hôte de toute l’Afrique et sera le carrefour, pendant un an, de la créativité de ses territoires et ses villes. Cette manifestation regroupera plus de 86 évènements d’envergure internationale, tout au long de l’année.

Mohamed Mehdi Bensaïd a déclaré à cette occasion : « Le choix de Rabat comme première capitale de la culture africaine constitue une occasion de mettre en valeur la richesse et la diversité de la culture africaine, avec ses composantes matérielles et immatérielles, à travers une programmation culturelle, artistique et patrimoniale diversifiée. Pour la ville de Rabat et tout le royaume du Maroc, c’est un formidable tremplin pour promouvoir des valeurs de dialogue et de tolérance entre notre pays et ceux du continent »

Le programme des célébrations de « Rabat, Capitale Africaine de la Culture », prévoit l’organisation d’activités et d’événements dans les domaines de la littérature, de la poésie, des arts plastiques, de la musique, du théâtre, du cinéma, des arts de rue, de la danse, des arts numériques, de la mode, de la photographie, des arts populaires, des contes, des arts du cirque, en plus de forums et de rencontres intellectuelles.

Les différentes activités seront organisées dans tous les espaces historiques, places publiques et tous les quartiers de la ville de Rabat. Ces événements culturels seront représentatifs de la société civile et verront une participation importante des différentes institutions publiques nationales concernées par les affaires culturelles.

« Rabat, capitale du Royaume sera, pendant toute une année, une destination culturelle et artistique africaine. Les activités de cette célébration se poursuivront jusqu’en mai 2023, et connaîtront la présentation des meilleures créations dans les divers arts. L’événement transforme la ville de Rabat et sa région en un grand théâtre internationale, pour tous les citoyens », se réjouit Mme Asmae Rhlalou, la Maire de la capitale marocaine.

Un accélérateur de coopération entre tous les pays du continent : création, dialogue, tolérance

La saison « Capitale Africaine de la Culture » est un programme porté par les Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique). La culture est au cœur des politiques locales et constitue l’un des piliers du développement durable des villes et territoires d’Afrique.

Le programme est donc un formidable levier de développement et de création de richesses pour l’ensemble du continent, car la manifestation n’est pas réservée à la ville choisie. Elle s’ouvre à des programmations locales, régionales et panafricaines et à la mise en visibilité d’initiatives créatives des autres villes du continent. Toutes les villes et collectivités territoriales d’Afrique peuvent donc être partenaires et rejoindre le réseau des villes capitales.

Pour sa part, la présidente de l’Organisation des Cités et gouvernements locaux Unies d’Afrique, Mme Fatimou Abdel-Malik, assure : « En célébrant les capitales de la culture africaine, le CGLU Afrique veut faire de la culture dans les villes africaines un vecteur du sentiment d’appartenance et de respect de soi et de promotion de la créativité et la beauté africaines. L’objectif est d’intégrer les activités artistiques et des industries créatives dans le rayonnement international du continent ».

Les évènements labellisés pour l’occasion s’accordent avec la philosophie des Capitales Africaine de la Culture, en mettant à l’honneur la créativité́ africaine, l’ouverture à l’ensemble du continent et l’impact sur les populations locales. Un accent particulier est mis sur les programmes contribuant à structurer et mettre en réseau les artistes et acteurs culturels du continent africain.

Pour plus d’information :

Site : https://rcac2022.com

Facebook : https://www.facebook.com/Rabat-Capital-of-African-Culture-2022-100194852696708/

Twitter : https://twitter.com/rcac_2022

Instagram : https://www.instagram.com/rcac.2022/?hl=fr

L’édition 2022 de l’AFRICA CEO FORUM se tiendra les 13 et 14 juin à Abidjan en Côte d’Ivoire

Paris, France, le 30 mars 2022 – L’édition 2022 de l’AFRICA CEO FORUM, plus grand rassemblement annuel du secteur privé en Afrique, se tiendra les 13 et 14 juin 2022 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Au moment où le monde se relève de l’impact du COVID-19, et 10 ans après sa première édition, l’événement s’attachera à proposer de nouvelles routes pour la croissance africaine.

Production de vaccins, perturbation des chaînes logistiques, digitalisation des économies, transition énergétique… La crise sanitaire causée par le COVID-19 a accéléré la transformation des économies vers de nouveaux modèles. Qu’il soit question de croissance durable, de création d’emplois ou d’accompagner le développement de champions nationaux et régionaux, l’AFRICA CEO FORUM entend œuvrer au dialogue public-privé, plus que jamais primordial pour façonner une Afrique souveraine et autonome.

Pour la première fois depuis 2019, l’AFRICA CEO FORUM 2022 se déroulera en présentiel et accueillera plus de 1500 chefs d’entreprise et de gouvernement, parmi lesquels : Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire ; Macky Sall, Président de la République du Sénégal ; Mohamed Cheikh El Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie ; Mohamed Bazoum, Président de la République du Niger ; Yemi Osinbajo, Vice Président de la République du Nigeria ; Ralph Mupita, CEO de MTN ; Abdul Samad Rabiu, Président exécutif de BUA Group ; Soren Toft, CEO de MSC, Delphine Traore, Directrice générale d’Allianz Africa ; Rita Zniber, CEO de Diana Holding ; Ade Ayeyemi, Directeur général d’Ecobank ; Alioune Ndiaye, Directeur général d’Orange Moyen-Orient et Afrique ; Anne Rigail, Directrice générale d’Air France ainsi que de nombreux autres décideurs venant de toute l’Afrique et du monde entier. Ils discuteront des priorités stratégiques pour façonner l’avenir des économies africaines.

L’événement est coorganisé par Jeune Afrique Media Group et la Société Financière Internationale (IFC).

Pour plus d’informations et pour s’inscrire : https://lc.cx/mw9vbW

« Le monde est entré dans une période complexe et probablement durable, de tensions économiques et politiques qui nécessitent que notre continent interroge son modèle de croissance. Dans cette perspective, nous devons impérativement placer la souveraineté économique au cœur de notre projet et proposer de nouvelles routes pour la prospérité africaine centrées autour de la croissance verte, de la transformation industrielle, de l’économie digitale et du dialogue public-privé », a déclaré Amir Ben Yahmed, Président et Fondateur de l’AFRICA CEO FORUM.

« Le COVID-19 a mis à rude épreuve les économies et les populations africaines, mais elles ont su faire preuve de résilience. Il faut désormais mettre le cap sur la reprise. Bien que de nombreuses turbulences soient à prévoir, le moment est venu pour l’Afrique d’exploiter ses forces et de mobiliser pleinement les nouveaux moteurs de croissance pour sortir plus forte de la pandémie. Le soutien de l’IFC à l’AFRICA CEO FORUM témoigne de notre engagement à mobiliser les partenaires du secteur privé autour d’un objectif commun : construire un avenir meilleur, plus vert et plus inclusif pour l’Afrique », a déclaré Makhtar Diop, directeur général de l’IFC.

L’AFRICA CEO FORUM est le principal lieu de rencontre des PDG, investisseurs internationaux et gouvernements africains depuis 10 ans. Lors de la dernière édition physique du Forum en 2019, plus de 1500 décideurs, dont 700 CEO, se sont réunis à Kigali, au Rwanda.

Études de cas, témoignages d’experts, ateliers pratiques, groupes de travail de haut niveau : cette année, l’AFRICA CEO FORUM présentera de nouveaux formats innovants permettant aux participants d’échanger autour du renforcement de la souveraineté économique africaine.

Les AFRICA CEO FORUM Awards, qui récompensent chaque année les entreprises et les personnalités les plus proactives du continent, ouvriront leurs portes à une vingtaine de startups parmi les plus importantes d’Afrique à travers l’initiative Disrupters Club.

À propos de l’AFRICA CEO FORUM

Fondé en 2012, l’AFRICA CEO FORUM est la plateforme de référence des dirigeants des plus grandes entreprises africaines et internationales, des investisseurs internationaux, des responsables de multinationales, des chefs d’État, des ministres et des représentants des principales institutions financières actives sur le continent. Incontestablement le lieu de rencontres de haut niveau, de partage d’expériences et de décryptage des tendances qui affectent le monde des affaires, l’AFRICA CEO FORUM propose des solutions concrètes et innovantes pour faire avancer les entreprises du continent. Grâce à ses initiatives, ACF accroît la représentation des femmes aux postes de décision sur le continent et soutient la transformation des entreprises familiales africaines.

Bouquets d’aubes, premier ouvrage de Habsatou Dia vient de paraître

Bouquets d’aubes est une compilation de plusieurs nouvelles dont Elite, pour l’amour d’un homme, afin de vous voir grandir.

« Elite » est subversive de par le nouvel ordre qu’elle appelle afin d’instaurer non une suprématie quelconque mais plutôt la paix et la justice. Elle est futuriste dans le destin qu’elle prépare à l’Afrique ainsi que par les moyens employés (technologies, armes biologiques, excellence, etc.); et elle est définitivement engagée dans le féminisme pragmatique. Elle dissout l’impérialisme qui sévit en Afrique en l’opposant à des puissances de forces égales et évince les despotes qui gouvernent ses Etats en se liant avec les forces internes dissidentes. La chronologie célère des événements, la description pittoresque des actions et l’alternance versatile des scènes font penser que « Elite » est plus qu’une nouvelle, c’est un scénario pour une série télévisée. Au-delà du fait que l’histoire passerait mieux à l’écran, ce médium pourrait constituer le meilleur moyen de conscientiser le plus de masses face à l’Afrotopos imminent.

« Pour l’amour d’un homme » est une nouvelle. Elle est centrée sur le présent en interrogeant nos coutumes par le prisme de l’Amour. Il y va de l’altérité entre l’espièglerie de la femme pour parachever sa volonté et l’ingénuité de l’homme phallocrate qui se fait malmené. L’histoire est romanesque sans être candide et trépidante sans être obscène, elle surprend. Les événements qui sont décrits agréablement plongent le lecteur au cœur des personnages, des scènes et des actions.

« Pour vous voir grandir », attendrit, bouscule et chamboule le lecteur. Le thème de l’immigration, étant sensible et largement abordé, a été amené de manière intelligente et apparaît presque inopinément. L’angle choisi n’est pas celui des admonestations faciles qui jugent et condamnent, mais celui de la compréhension et avec cela une description tout de même glaçante des risques auxquels expose l’émigration clandestine. La compréhension passe par l’exposition des raisons d’une telle intrépidité qui ne sont pas seulement analysées économiquement, mais expliquées sous l’aune de causes sociales dramatiques qui inculpent les tares de nos sociétés. Encore une fois, un homme, un père de famille pusillanime dont la seule tyrannie est sous l’oeuvre et le désir d’une femme contre une femme. Par ailleurs, la faillite de l’Etat à protéger les femmes quand elles se soustraient des mains de leurs oppresseurs et à former la jeunesse quand celle-ci connaît un décrochage scolaire précoce est clairement mise en exergue . Parmi les choses imprévisibles, il y a le personnage atypique de Baye Fall dont l’apparition est l’élément modificateur du récit et qui sera ensuite le mentor dans les péripéties et à la fin un modèle par gratitude.

Pour commander l’ouvrage, cliquez sur le lien ci-dessous

https://www.fr.fnac.be/a15996182/Absatou-Dia-Bouquets-d-aubes

Servir son pays….

Crédit Photo Kane Mamoudou Lamine

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…Un fondement de la conscience panafricaine

Ces quelques mots résonnent encore dans ma tête. Qui n’a pas croisé au cours de sa vie, un de ces professeurs charismatiques qui vous forçaient à aimer leurs disciplines, dont les classes affichaient toujours pleine. Ces professeurs qui avaient, je ne sais quoi de particulier dans le discours. Oui, ces professeurs effectuaient un grand remue-ménage dans nos idées, qui en balayaient facilement certaines et en instauraient de nouvelles. Il faut dire, qu’ils n’avaient pas pour seule ambition de voir leurs élèves cueillir d’excellentes notes. Ils s’étaient surtout investis pour forger les personnalités, tracer les destins. Pour ma part j’en ai croisé à l’époque au cours de la dernière année de lycée. Du haut de ses soixante ans, il symbolisait la parfaite figure paternelle, avec ses saba’ndors, son bonnet et ses babouches. Il faisait preuve d’une grande autorité. Pour notre part, être en Terminale était l’ultime pas vers une vie d’adulte. Nous nous sentions déjà grands et forts

Mais laissons un peu de côté ces beaux souvenirs de lycéenne pour parler de ses idées. Panafricanisme, je pense bien que c’est lui qui en a instauré les fondements dans nos esprits à l’époque.  Entre deux pauses de cours de philosophie, il nous expliquait combien notre gouvernement, notre pays se pliait en quatre pour nous donner la meilleure éducation qui soit. « Vous êtes la génération qui va sauver votre pays » nous martelait-il d’un ton qui ne nous laissait point tergiverser. Il nous expliquait comment la Chine avait pu compter sur un nationalisme et un patriotisme hors pairs pour inventer un modèle et s’acheminer vers le développement. Il nous expliquait comment des coréennes avaient sauvé leur pays d’une faillite en déposant leurs bijoux dans les années soixante si ma mémoire est bonne. Il aimait l’Afrique, il aimait en parler et il aimait nous inculquer l’amour de ce continent. Il était très fier de l’homme noir, il nous disait comment Cheikh Anta Diop avait démontré l’épopée de l’Égypte antique noire.

Brain drain ou fuite des cerveaux, j’entendis la première fois cette expression lors d’un de ses cours. Il nous expliquait l’impérialisme occidental, par le biais de moyens mis en place afin de nous prendre ce que notre pays comptait de plus cher, à savoir nos ressources humaines que nos pays avaient pris plus de treize ans à former. Oui nos médecins, nos ingénieurs, nos professeurs, nos artistes s’envolaient définitivement pour l’Europe pour l’Amérique du Nord une fois atteint le cycle de formation qualifiant laissant derrière eux un pays pauvre et désolé. Il faut reconnaitre que ses leçons avaient quelque peu porté leurs fruits. Nous étions nombreux à nous sentir investis de cette mission-là. Nous ne rations plus, à l’époque les débats politiques.

Pour ma part j’intégrais le club des étudiants panafricains de Gaston Berger MEPUS à mes premières années universitaires et mon ambition pour l’Afrique, pour mon pays était démesurée. Sans savoir comment je voulais d’abord que dans l’espace universitaire, les africains se sentent unis, que les étudiants africains que l’on y rencontrait prennent conscience de notre appartenance à la même grande famille culturelle telle que l’a démontré le brillant Cheikh Anta Diop. Je voulais que l’africain se sente chez lui partout qu’il aille, qu’il se réapproprie sa culture puisque d’après Cheikh Anta Diop c’est un chemin impératif ou sûr, vers l’intégration africaine et les Etats Unis d’Afrique.  Je me rappelais les leçons de notre vieux professeur, je me rappelais comment il nous expliquait que la SOTIBA, l’industrie textile sénégalaise dans les années avait fait faillite du fait du complexe du consommateur sénégalais, de même Bata l’ancienne usine de chaussures fermées, de même que les industries chimiques du Sénégal et ainsi de suite et ainsi de suite. Cependant, autant le dire, notre association n’alla pas plus loin que l’organisation de rencontres et manifestations culturelles. Hélas …Toutefois au fur et à mesure que j’avançais dans les études et que je voyais autour de moi tous ces maitrisards chômeurs, je commençais à me demander dans quelle mesure servir son pays était possible vu le contexte, vu la corruption, vues toutes ces réalités culturelles handicapantes qui étaient les nôtres. Il faut dire qu’à tort ou à raison, notre papa, le vieux professeur n’avait jamais brossé cet aspect du tableau et loin de croire à son ignorance de la chose ou sa naïveté. Je mettrais cela sur le compte de son amour sans limite de l’Afrique et des africains. Partir ou rester ? La question reste encore énigmatique pour ne pas dire philosophique.

En hommage à ce veux professeur et parce que les graines qu’il a semées ont quelque peu germées, je continue de croire à un avenir en Afrique par les africains. Je continue de penser qu’à l’heure du numérique et de la mondialisation, l’africain partout qu’il se trouve s’accrochera à ses valeurs, qu’il fera de sa culture un pilier pour aller de l’avant, pour son développement économique. Je continue de croire qu’il a suffisamment d’intelligence pour savoir que l’heure est aux grands ensembles.  J’espère que notre génération produira suffisamment de ces professeurs qui prennent leur travail en passion et forment des personnes responsables qui non seulement aiment leur pays mais qui dans leur vie de tous les jours le traduisent en actes. J’espère que l’on sortira de notre illusion, préconisant à attendre tout de nos gouvernements corrompus pour prendre notre destin en main. Ce faisant, il va falloir aussi sortir de certains complexes et s’inventer un modèle qui nous soit propre et qui respecte nos valeurs et traditions…

Absatou Dia

Crédit Photo de couverture: Kane Mamoudou Lamine

𝐅𝐨𝐫𝐨𝐟𝐨𝐫𝐨𝐨𝐧𝐝𝐮, 𝐝é𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐥𝐚𝐢𝐭 𝐞𝐭 𝐩𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐜𝐮𝐥𝐦𝐢𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐢𝐭𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐬𝐭𝐨𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐥𝐞

𝐅𝐨𝐫𝐨𝐟𝐨𝐫𝐨𝐨𝐧𝐝𝐮, 𝐝é𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐝𝐮 𝐥𝐚𝐢𝐭 𝐞𝐭 𝐩𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐜𝐮𝐥𝐦𝐢𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐢𝐭𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐬𝐭𝐨𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐥𝐞

Ce que j’aime dans la spiritualité traditionnelle peule est le symbolisme extraordinairement fin qui y règne. Cette harmonie fondamentale entre les chiffres et les êtres révèle l’abstraction gigantesque et l’art grandiose dont disposaient nos ancêtres. Je suis frappé par cette géométrie des symboles, intrigué par cette algèbre des correspondances, et la justesse des redistributions m’interpelle au plus profond. 

Évidemment que je ne suis pas en train de postuler sa perfection concernant la description de la nature, ni d’affecter une valeur de vérité à même ses plus beaux récits ; je ne le ferai pour aucune spiritualité ! En tout cas pas pour celles que j’ai connues jusque-là et que je trouve, en mon âme et conscience, toutes déficientes sur bien de plans, leur naïveté criante dans leur approche de la nature venant en tête de la liste. 

Cela dit, entre toutes ces spiritualités, le Pulaagu, de son vrai sens et non de celui usité aujourd’hui sous forme d’une coquille renfermant des stéréotypes plus délirants les uns que les autres, est celle que je choisirais. Alors là, oui, je le sais, le biais est énorme. Il serait bien vu de constater que le Pulaagu spirituel ne pourrait que me parler car, après tout, porteur d’éléments de culture qui sont déjà les miens ; que donc le placer au-dessus serait même prévisible. Mais si l’on suivait ce raisonnement, on conclurait à tort que l’écrasante majorité des Peuls adoptent leur spiritualité : ce qui n’est que trop inexact. Donc ce biais, bien que présent quelque part, ne devrait pas être surestimé. On peut ainsi évoquer d’autres raisons moins inconscientes.

Étant donné que je n’écris pas une analyse, ni même une présentation digne de ce nom, de la spiritualité du Pulaagu, je ne me contenterai donc que d’effleurer les concepts et le cadre sans aborder les détails les concernant.

Tout d’abord, il faut comprendre que, contrairement au concordisme bien-pensant assez répandu, la spiritualité peule traditionnelle ne peut pas être mise en correspondance biunivoque avec l’Islam ou les deux autres monothéismes. Cela n’a été qu’une pilule d’urgence concoctée avec toute la partialité nécessaire pour être avalée d’urgence par une classe de personnes en recherche de palliatifs contre leurs tourments culturels. La spiritualité des peuls diffère de celles cités ci-haut par et son cadre et son contenu. Le Dieu du Peul traditionnel, appelé Geno ou encore Ndunndaari, est défini comme étant seulement un principe précurseur de l’univers et non un intervenant à son déroulement ultérieur. Pour le Peul traditionnel Geno s’est débrouillé pour créer le monde – par le processus de la goûte-de-lait omnipotente primordiale qui donnera le bovin hermaphrodite duquel la nature sortira et évoluera – et ensuite il n’interviendra plus dans les affaires du monde qui en résultera. Ainsi, personne ne s’adressera à Geno pour l’invoquer ou l’interpeller ni par la pensée, ni par la prière. Des divinités ayant émergé du processus de la création de l’univers – c’est le Peul traditionnel qui parle – et les concepts résultants des correspondances arithmétiques entre la géométrie du cosmos, du point de vue du Peul, les êtres non humains et la structure de la société originelle, feront office d’interlocuteurs mystiques. Ainsi un Peul ne prendra jamais son Jalaŋ (statue) pour son créateur, mais il l’invoquera pour des faveurs à l’ordre du jour. Pour exemple, le Joom maayo autrefois respecté et invoqué par tant de fidèles n’est pour autant jamais pris pour un créateur. Et ce, malgré le fait que des prosélytes, si ce ne sont des croisés, d’autres religions, par le subterfuge de l’homme de paille ou par une simple ignorance d’ailleurs, ont pris la liberté de redéfinir les contours moraux de ces divinités secondaires dans un cadre qui leur permettrait de ridiculiser tout un chef d’oeuvre du symbolisme d’une beauté architecturale que les leurs peineraient à égaler.

La spiritualité peule traditionnelle est un lieu d’initiation avant tout. La dévotion se relègue à l’arrière-plan quand l’instruction devient le but. Les trois textes principaux formant le trépied de l’initiation peule concernent les trois affaires qui règnent au cœur de la vie humaine : le savoir, le pouvoir et l’avoir. Une initiation complète est consacrée à chacune d’elles. L’ordre et l’équilibre subtile entre celles-ci sont dépliés minutieusement à travers les grands récits fondamentaux de Kaaydara, Kuumen et Laaytere, magistralement transmis par le vieux sage Amadou Hampâté Bâ. Par là, ce sont les fondements de la culture peule qui se manifestent dans toutes leurs dimensions. Un jour j’écrirai dans une plus large mesure mon analyse de ces textes et le fond de ma pensée quand je parle des fondements de la culture peule. Mais pour l’heure revenons à Foroforoondu.

Foroforoondu est une déesse (oui cela nous change de nos habitudes acquises !) qui détient la science intriquée du lait et les formules du ngaynirka. Elle est par ailleurs l’épouse de Kuumen, détenteur suprême du savoir pastoral tandis que Caanaaba est le détenteur mystique du bovin. L’initié ne s’approche de son domaine avant d’avoir fait ses preuves en venant à bout de diverses épreuves plus coriaces les unes que les autres. Foroforoondu n’est pas du genre à plaisanter, elle est de caractère et est impitoyable avec les négligents qui ne connaîtraient pas les mécanismes sous-jacents aux principes des différents éléments de l’autel peul ; voilà pourquoi il faut être sur ses gardes quand on arrive à pénétrer son domaine. Elle, seule, par ses attributs tant physiques que spirituels, peut amadouer le redoutable bovin hermaphrodite qui garde la douzième clairière, celle de l’ultime savoir ! Foroforoondu ne te donne pas sa langue sans t’avoir passé un examen minutieux sur le savoir pastoral et des divinités du panthéon. Ce n’est qu’à la suite de cela qu’elle te fera goûter le liquide chargé et t’ouvrira les portes du septième soleil dont les rayons abreuvent de connaissances ! La spiritualité donnait ainsi une place divine, pas celle qu’on proclame avec des mots creux mais celle correspondant au siège d’une divinité clé, à la femme. Foroforoondu-mère ne peut mourir sous les coups de la négation obscurantiste qui ont déjà eu raison de plus d’un de ses fils et de tant de ses filles. Puissions-nous trouver inspiration dans nos sources authentiques de philosophies de la vie !

Dr. Mouhamadou Sy

L’Afrique post-covid : L’urgence de se réinventer

L’Afrique post-covid : l’urgence de réinvention

La crise sanitaire mondiale en cours a permis de montrer au grand jour[1] toute la complexité des relations d’interdépendance internationale et les enjeux de notre siècle. Elle a surtout remis en cause l’omnipotence de ceux qui font figures, à eux seuls, de modèles en termes de progrès techniques et scientifiques mais aussi de « bonne gouvernance ». Des critères associés à l’accroissement économique ayant longtemps servi (et servant encore) de baromètre pour évaluer l’évolution des sociétés humaines, notamment avec l’anthropologie évolutionniste et culturaliste. Charles Taylor disait que si toute l’humanité est soumise au même mouvement historique, encore faut-il expliquer pourquoi certaines sociétés ont progressé, tandis que d’autres paraissent figées dans une irrémédiable primitivité[2]. Selon cette conception, (que l’on retrouve aussi chez Auguste Comte, considéré comme l’artisan de la division de l’Humanité en trois stades successifs : sauvagerie, barbarie et Civilisation), l’universalité ne peut s’appréhender désormais que prise dans un schéma identique et inique d’évolution, applicable à toutes les sociétés humaines, en référence à un modèle : celui de la société occidentale qui, par rapport à l’esprit scientifique et au progrès technique, en est perçue comme l’aboutissement.

Contrairement aux idées reçues, ce débat est loin d’être dépassé. Nous ne discutons pas ici les travers (ouvertement racialistes) de cette thèse. Nous y avions consacré un article édifiant suite aux propos polémiques de Jean-Paul Mira, chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin. Par ailleurs, nous reconnaissons volontiers, qu’en dépit de son caractère autocentré, la thèse évolutionniste offre une grille de lecture très efficace sur l’histoire évènementielle. Et la crise actuelle en est une ! Annonce-t-elle une ère nouvelle ? En Occident, cela sonne comme une évidence. Les décideurs politiques, les scientifiques, les laboratoires pharmaceutiques et leurs actionnaires s’y emploient au même titre que les entreprises privées : de l’industrie automobile à l’aviation en passant par les grandes chaines de distributions alimentaires… les start-up ne sont pas en reste ! Tous les secteurs se réinventent, s’adaptent, se réorganisent, pour ne pas rater la marche, notamment dans le monde de la culture, de l’industrie musicale, cinématographique, associative… tout se restructure. La production mondiale est au rabais, défiant ainsi les plus illustres théories économistes. Aucune certitude sur les prévisions ultérieures si ce n’est l’impact des bouleversements actuels sur la croissance économique à l’échelle mondiale[3].

Les moments de confinement ont redonné aux psychologues, aux philosophes et même aux hommes de Dieu leurs lettres de noblesse. L’introspection, l’incertitude et la peur n’ont jamais été autant de mise, dans des sociétés où la résilience, la rentabilité et l’individualisme sont érigés en normes ! En ce sens, nous sommes effectivement tentés de dire qu’il y a un avant et un après Covid ! Il s’agit fatalement d’une crise globale. Car comme disait Thucydide, « l’infection ne détruit pas seulement des corps ; nósos, autrement dit “ démence ”, elle détruit aussi, fût-ce momentanément, une société, des institutions, des mœurs. Une épidémie, ce n’est pas seulement les ravages et les souffrances causés par la propagation d’une infection, c’est encore la désorganisation brutale qui s’ensuit, l’abaissement de l’État, le délitement des autorités, des structures sociales et des mentalités. Symbole de cet effondrement de la civilisation, les rituels funéraires foulés au pied par les Athéniens rendus fous par la souffrance »[4].

Le contexte actuel est aussi celui des 60 ans d’indépendance des pays africains postcoloniaux. Alors qu’en est-il de l’Afrique ? La crise sanitaire a révélé les fragilités des grandes puissances, certes. Cela a été largement commenté, par des observateurs africains aussi. Certains s’en sont même réjoui[5] ! Mais cette crise a aussi montré leur capacité de résilience, confirmant ainsi la théorie géo-politologique selon laquelle le niveau de développement d’un peuple se mesure en sa capacité de résilience face aux catastrophes ! Les prévisions macabres de certains observateurs occidentaux pour l’Afrique face à la Covid n’ont pas eu lieu ! Miracle divin, qui sait ! L’Afrique est en effet, pour l’instant, largement épargnée. Pour autant, rien ne garantit son immunité collective et durable ! Les nouvelles variantes n’ont pas encore dit leur dernier mot ! Mais par-delà cette épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus de la tête de tout le monde, le cynisme de la Covid 19 n’est pas seulement d’avoir fait des morts et de paralyser l’économie mondiale, elle révèle surtout ce qu’est devenu notre monde et l’avenir qu’il nous réserve. Il y a quelques années, le Department of Homeland Security (créé en 2003 aux États-Unis) avait élaboré une panoplie de scénarios de catastrophes humanitaires considérées comme les « nouveaux risques » dont la base serait essentiellement biochimique, on parle de bioterrorisme…

L’anniversaire des 60 ans d’indépendance des pays africains intervient donc dans un contexte décisif. Toutefois, pour les dirigeants africains, il a servi à justifier les insuffisances, les carences et les manques ! N’eût été la crise sanitaire, quel autre prétexte auraient-ils trouvés pour justifier le sous-développement du continent ? Qu’est-ce qui allait justifier le retard économique ? Il y a 60 ans que les États africains devraient savoir se gérer sans aides extérieures. Il y a 60 ans que l’aménagement des territoires devrait être une réalité. Il y a 60 ans que l’emploi des jeunes devrait être une priorité, que les services publics devraient enfin répondre aux besoins les plus élémentaires des populations, que l’éducation, la santé, l’eau courante, l’électricité ne devraient plus être un luxe, mais un droit fondamental pour chaque citoyen. 60 ans après les indépendances, les dirigeants africains n’ont toujours pas compris qu’ils ne peuvent et ne doivent être que des mandataires, que le pouvoir ne peut appartenir qu’au peuple, que la justice doit être indépendante, que la liberté de penser, de s’exprimer et de se réunir doit être garantie par la loi.

Les crises n’ont pas que des effets négatifs, leur émergence s’accompagne souvent d’éléments salvateurs. Celle en cours a la vertu d’exhiber davantage toutes les insuffisances, le manque de vision de nos dirigeants, et l’impasse politique dans laquelle s’enfoncent nos Etats. Elle montre donc l’urgence de se réinventer, afin de sortir de la « grande nuit » et se saisir de la lumière d’un nouveau jour. La fermeture momentanée des frontières et l’arrêt des vols commerciaux ont empêché une certaine oligarchie, qui se pensait invincible, d’aller se soigner à l’extérieur du continent, de développer les affaires, de profiter de certains loisirs. Les Africains, de manière générale, vont payer assez cher leur dépendance monétaire, industrielle et surtout alimentaire vis-à-vis des autres continents. La crise a fortement « amplifié les risques de pénuries inhérents au fonctionnement des chaînes de valeur mondiales ». Pour autant, les habitudes restent les mêmes, les modes de gouvernances, les politiques intérieures et extérieures inchangés. L’inertie n’a jamais autant caractérisé nos États. Aucun État africain ne s’est illustré par une réponse théorisée et pratique face aux risques et aux menaces que génère cette crise sanitaire. À ce propos, le théoricien de la médecine germano-américain, Erwin Ackerknecht, qui établissait une corrélation entre politique sanitaire et régime politique, aurait certainement du mal à vérifier ses hypothèses en Afrique ![6]

En effet, la question des systèmes de gouvernance se (re)pose avec acuité face à la crise sanitaire, entre des États qui ont recours à des mesures de restrictions drastiques (confinement, isolement et mise en quarantaine) et d’autres qui font le choix de mesures moins coercitives, remettant ainsi en cause les libertés individuelles et collectives (la confusion de telles mesures tantôt attribuées aux régimes autoritaires, tantôt attribuées aux régimes dits libéraux, contribue à sa manière à révéler le bouleversement de l’ordre mondial).  Aussi, la gestion plus ou moins réussie de la crise par certains pays asiatiques relativise substantiellement le système occidental longtemps érigé comme modèle et réactive la question du particularisme culturel. Sans entrer dans ce débat ni dans les idéologies qu’il sous-tend, le manque de réactivité des États africains interroge. Gouverner c’est anticiper ! Or l’art de l’anticipation est loin d’être le fort de nos États réactionnaires ! Les stratégies préventives ou prophylactiques des États sont intrinsèquement liées aux visions politiques de leurs dirigeants[7].

Déstructuration, désorganisation, désintégration politique, économique et sociale, voilà les réalités qu’induisent les crises épidémiques. Qu’attendent donc les autorités africaines pour faire de la sécurité sanitaire une priorité régalienne ? N’est-il pas temps de mettre en place des cellules de veille sanitaire qui constitueraient une forme d’observatoire permanent, afin de prévenir et prémunir les populations d’éventuelles catastrophes sanitaires ? Dans les pays développés, les crises sanitaires provoquent systématiquement des réformes organisationnelles, administratives voire institutionnelles. En France par exemple, le scandale du sang contaminé en 1992 avait conduit à la création du Centre national de transfusion sanguine. Quelques années plus tard (en 1998), suite à la crise de la « vache folle » liée à la transmission de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), un réseau national de santé publique est mis en place avec la création en 1999 de l’InVS, de l’Afssaps et de l’Afssa. Enfin, une nouvelle réforme du système des agences sanitaires voit le jour au lendemain du désastre lié à la canicule de l’été 2003.

L’épidémie actuelle, comme les précédentes parmi les plus emblématiques de l’histoire de l’humanité, par son caractère imprévisible, brutal et chronophage (les États-Unis, première puissance mondiale, sont les plus touchés avec plus de 407 202 morts, suivis par le Brésil avec plus de 209 868 morts, l’Inde avec plus de 152 456 morts, le Royaume-Uni avec plus de 89 261 morts, la France avec plus de 70 283 morts, l’Afrique du Sud loin derrière avec 37 105 morts[8]) met à nu les fragilités des systèmes sanitaires à l’échelle mondiale, notamment en termes de politiques anticipatoires et de prévention. Cela s’est traduit, dans les pays développés comme dans ceux dits émergents, par le déficit de lits de réanimation, la difficile gestion de l’afflux des malades, les pertes humaines et la psychose que le virus induit dans la société. Or comme le montre Patrick Zylberman « la maîtrise de l’État sur les crises sanitaires dépend de sa propre capacité à créer, développer et gérer des organisations complexes et spécialisées (système de soins et système de santé, agences, comités d’experts), de sa capacité à assurer la permanence de leur fonctionnement et la mobilisation de leurs ressources, enfin de son pouvoir de contrôle sur l’usage de la contrainte dans la réponse à la crise »[9].

Aujourd’hui, les Etats africains sont quasi absents dans la course aux vaccins. Les micros-Etats qui caractérisent l’Afrique ne peuvent être à la hauteur des exigences de la recherche et du développement. Depuis le début de la crise sanitaire, ce sont plus de 10 milliards de dollars qui sont investis dans la recherche de vaccins, aux Etats-Unis d’Amérique. Ces derniers ont compris très-tôt que quel que soit le prix que coûte la recherche, la production de vaccins est décisive. Les politiques des laboratoires pharmaceutiques sont très claires : la primauté est aux plus offrants ! Les premiers à investir, sont les premiers servis ! Les négociations en cours entre grandes puissances, notamment pour les pays européens qui peinent à trouver les doses nécessaires pour vacciner l’ensemble de leurs populations illustrent bien cette réalité. Le fait que les premiers vaccins viennent des Etats-Unis n’est donc pas un hasard. En plus du public, les recherches sont largement financées par le privé. Les investisseurs américains ont la culture du risque. Des milliards de dollars sont annuellement mis à contribution dans des start-up spécialisées dans tout type de recherche. c’est en ce sens qu’une société privée de biotechnologie comme Moderna Therapeutics a bénéficié de plus 2 milliards d’investissement alors même qu’elle n’a jamais rien produit depuis sa création en 2010[10].

C-T-G, La plume d’Ishango, ADN


[1] Domaine traditionnellement investi par le milieu universitaire ou le monde savant !

[2] Charles Taylor, « Évolutionnisme », Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, Paris, PUF, 1992.

[3] Voir à ce sujet l’article d’Arnaud Florentin et d’Elisabeth Laville  « La crise sanitaire nous invite à nous interroger sur la capacité de nos systèmes de production à faire face aux aléas » (lemonde.fr)

[4] Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, II, 47-58.

[5] Situation assez étonnante par ailleurs ! Elle illustre une forme de décadence intellectuelle. À la veille des indépendances, voire au début des années 60, la vivacité intellectuelle avait donné naissance à des chefs-d’œuvre incommensurables tels que l’ouvrage majeur de Franz Fanon Les damnés de la terre, qui révélaient le rôle salvateur de l’élite intellectuelle africaine et sa capacité à s’interroger sur sa propre société et à poser les jalons de son avenir !

[6] Erwin Ackerknecht, « Anticontagionism between 1821 and 1867 », Bulletin of the Institute of the History of Medicine, 22, 562-593, 1948.

[7] La création du ministère de l’Hygiène fait suite à la grippe « espagnole » dans un contexte de guerre mondiale (octobre 1918). Un peu plus d’un an plus tard, le 21 janvier 1920, Alexandre Millerand créa le premier ministère de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales.

[8] Source : • Coronavirus : nombre de morts par pays dans le monde 2021 | Statista

[9] Patrick Zylberman, « Crises sanitaires, crises politiques », Presses de Sciences Po, Les Tribunes de la santé, 2012/1 n° 34, p. 35 à 50.

[10] Ses recherches en « thérapies protéiniques » sur la technologie dite de l’ARN messager ont même souvent été fustigées !

Clavaire Elanga publie son premier roman « Vers la haute Société »

« Vers la haute société »,un ouvrage de Clavaire Elanga, auteur camerounais vient de paraître aux Editions Jets d’Encre. Dans ce roman aussi incisif que percutant aux allures de conte initiatique, Clavaire Elanga dépeint l’itinéraire spirituel d’un jeune homme obsédé par le désir de l’ascension sociale

Format : 15,2 x 22,9 cm Pages : 346 pages ISBN : 978-2-35523-334-0 Prix : 24,70 €

Clavaire Elanga est né le 2 octobre 1960 au Cameroun. Psychologue de formation, il exerce en tant que professeur des écoles normales avant d’immigrer vers les États-Unis, où il devient officier de maintien de l’ordre. Il est actuellement manager à United States Postal Service à New York. Après avoir publié des ouvrages géopolitiques et métaphysiques, il se lance aujourd’hui dans l’aventure du roman.

Crise post-électorale : Qui périt pour la vertu ne meurt pas!

Guinée : Des tensions pré-électorales aux crises post-électorales ou la difficile domestication de la démocratie

Le continent africain est scruté à chaque échéance électorale depuis le début des années 1990 avec le processus d’ouverture démocratique entamé grâce à une forte pression intérieure, accompagnée de l’extérieur, par le fameux discours de La Baule de F.Mitterrand dont on a surestimé le rôle. 

La Guinée de Sékou Touré, celle qui a ouvert le processus des indépendances en Afrique Occidentale Francaise dès 1958, n’échappa pas à la malédiction des urnes.
62 ans aprés son independance, la Guinée qui n’a connu aucune altenance démocratique entre un président sortant et un président entrant, montre son incapacité à domestiquer l’apprentissage de la démocratie et son corollaire d’alternance politique par les urnes.

Cette « tradition » de succesion de chefs d’Etat « accidentelle ou forcée », exception faite à l’élection contestée de l’historique opposant Alpha Condé en 2010, a installé un chaos politique indescriptible avec des soubassements ethniques.
Ainsi, chaque échéance pré-électorale est entourée de tensions entre les différents protagonistes tantôt sur la révision du fichier électoral ou sur la composition des commissions électorales, ici la CENI.
De ces tensions pré-électorales ne peuvent succéder que des crises post-électorales tant les institutions de contrôles des opérations électorales sont des coquilles vides. Ces crises électorales, au-delà du rejet des résultats officiels qui en découlent, – souvent par une partie de l’opposition et de la société civile- cristallisent de fortes contestations suivies de repressions meurtrières de la part des forces de sécurité dans une forme d’impunité totale.
A chaque sortie de l’opposition, la police guinéenne réprime jusqu’à la mort les manifestants.
Ces crises se sont accentuées ces derniers temps avec la prolifération des changements constitutionnels qui ont fait sauter les verrous de la limitation des mandats matérialisant le syndrome de troisième mandat avec son lot de contestations.


Les prémices d’une crise inéluctable

Déjà élu en 2010 dans des conditions plus que contestées contre Cellou Dallein Diallo ( ce dernier a obtenu au premier tour 44% des voix contre 18% pour Alpha Condé qui miraculeusement gagnera le second tour avec 52,5% des suffrages) Alpha Condé l’opposant historique, envahi par l’ivresse du pouvoir a fait sauter le verrou de la limitation des deux mandats pour en briguer un troisième, brandissant la volonté du peuple en bandoulière.
Prenant goût au pouvoir, entouré de sa cour, le chantre du libéralisme politique d’antan gouverna d’une main de fer, réprimant à la mort les manifestants, convoquant la fibre ethnique, en opposant principalement Malinké (sa communauté d’extraction) et Peul (communauté de son principal opposant), Alpha Condé du haut de ses 82 ans, gagné par la sénilité use d’un glissement sémantique plus que douteux, tombant peu à peu, dans les travers de ce qu’il dénonça dans sa vieille jeunesse.
Le chômage de masse des jeunes, l’absence de perspectives et le défaut d’infrastructures de bases aidant, il n’en fallait pas plus pour qu’une profonde crise politique ne secoue la Guinée en marge du projet de réforme constitutionnelle qui, une fois entériné, permit au président Alpha Condé qui était à son second et dernier mandat de se présenter une troisième fois à la présidentielle. La Commission Electorale Nationale Indépendante dont l’indépendance est remise en cause par l’opposition vient de proclamer la victoire du président Alpha Condé dès le premier tour. Avec ses 53% dès le premier tour, Alpha Condé le vainqueur aphone fait réprimer à la mort les manifestants qui contestent sa victoire. Son principal opposant Cellou Dalein Diallo qui a proclamé plus tôt sa victoire est maintenu de force par les forces de sécurité à son domicile. Il ne peux sortir de chez lui ni recevoir de visites. Sa maison assiégé et ses militants violentés et tués, Cellou Dalein Diallo et la coalition qui le soutient maintien la pression en appelant à la mobilisation de la jeunesse pour faire respecter la vérité des urnes. 

Le prix du sacrifice démocratique

Le processus de consolidation des acquis démocratiques requiert un engagement permanent de tous les citoyens, mais il interpelle davantage les jeunes qui est avec les femmes sont les premieres victimes d’une société anti-démocratique.
Nul doute que rien de grand ne s’obtient sans sacrifice. Et une partie du peuple guinéen est en train de se sacrifier littéralement pour son idéal, celui du respect de sa volonté. Sa volonté? Oui, celle de tourner la page d’un ancien opposant de 82 ans au moins dans un pays ou l’âge median est de 19 ans.
Sur les 12 millions de guinéens, 60% d’entre eux ont moins de 24 ans. Et à elle seule, la jeunesse guinéenne peut enclencher une nouvelle révolution politique au prix hélas de leur sang.
Ainsi des dizaines de jeunes guinéens qui manifestent, en cette période de crise post-électorale, meurent sous les balles des forces de l’ordre, pour la défense de la vérité des urnes.

Ces sentinelles de la démocratie, martyrs de l’alternance sont ceux qui écrivent l’histoire d’une nouvelle Afrique engagée dans une révolution portée par une jeunesse décomplexée qui aspire à plus de démocratie.
La jeunesse guinéenne à l’instar d’une certaine jeunesse africaine est le faiseur de roi qui s’ignore.


La grandeur de la jeunesse guinéenne, résidera dans sa capacité à déjouer, en cette période cruciale, le spectre de la solidarité mécanique et du repli identitaire que certains voudraient donner à l’engagement des uns et des autres. Ce défi est d’autant plus difficile que le faible taux d’alphabétisation, et la précarité ambiante contribuent à fausser le jeu démocratique.
Même si les échéances électorales ne sont pas gage de démocratie, elles sont un baromètre qui permet de jauger la capacité à domestiquer le processus démocratique, à pacifier les contentieux électoraux ainsi que les batailles électorales surtout dans un pays multi-ethniques.

De plus en plus défiante vis-à-vis de l’ancienne garde politique – de tous bords-, la jeunesse guinéenne doit apprendre à redéfinir les caractéristiques du bon candidat en faisant abstraction de la solidarité mécanique, des soutiens d’ordre communautaire et de l’achat de conscience.

Et si la Guinée comme en 1958 en disant non au référendum, ouvrait la saison de l’automne démocratique dans une région en proie à des dirigeants envahis par le syndrome des troisièmes mandats.
Car la victoire des progressistes guinéens  aura un échos partout où le principe de la limitation des mandats est en train d’être torpillé.

Diallo Saidou Dit Thierno

Editorialiste, pour ADN