Colloque du Caire: l’arbitrage que les révisionnistes voudraient oublier

  1. Le contexte de la tenue de ce colloque

Doit-on classer la civilisation égyptienne dans l’histoire africaine ou non ? Voilà en substance la question qui s’est posée à l’UNESCO lors du chantier de rédaction d’un livre de 8 tomes dénommé : Histoire Générale de l’Afrique. Cela, sous la responsabilité d’un Comité scientifique international de 39 membres.

Le rapport final du colloque du Caire par l’UNESCO   

Ce projet historiographique lancé en 1964 s’est achevé en 1999. Dans ce cadre, Il a fallu donc régler la question de l’appartenance ou non de l’Egypte pharaonique à l’Afrique noire et ce, de manière scientifique et rigoureuse. C’est ainsi que fut convoqué le colloque international d’égyptologie du Caire sous l’égide de la plus grande institution scientifique du monde: l’UNESCO.

II Les participants au colloque

Ce colloque a réuni, du 28 Janvier au 3 Février 1974, 20 spécialistes, 5 observateurs et 2 représentants de l’UNESCO originaires de 14 nations différentes.

1) Les spécialistes

– A. M. ABDALLA, Department of History, University of Khartoum, Soudan

– A. Abu BAKR, Université du Caire, Égypte

– N. BLANC, École Pratique des Hautes Études, Paris, France

– F. DEBONO, expert UNESCO, Centre de documentation sur l’Égypte ancienne, Malte

– J. DEVISSE, Université Paris VIII, Paris

– C. A. DIOP, Université de Dakar, Sénégal

– G. GHALLAB, Institute of African Research and Studies, Université du Caire, Égypte

– L. HABACHI, Oriental Institute, University of Chicago, États-Unis

– R. HOLTOER, University of Helsinki, Finlande

– S. HUSAIN, Egyptian Organization of Antiquities, Le Caire, Égypte

– J. GORDON-JACQUET, c/o Institut français d’archéologie orientale du Caire, États-Unis

– W. KAISER, German Institute of Archaeology du Caire, République Fédérale d’Allemagne

– J. LECLANT, Université Paris-Sorbonne, Paris

– G. MOKHTAR, Direction du Service des Antiquités, Égypte

– R. EL NADURI, Faculty of Arts, Alexandria, Égypte,

– T. OBENGA, Professeur Université Mariem N’Gouabi, Brazzaville, Congo

– S. SAUNERON, Institut français d’archéologie orientale du Caire, France

– T. SÄVE-SÖDERBERG, Université d’Uppsala, Suède

– P. L. SHINNIE, Department of Archaeology, University of Calgary, Canada

– J. VERCOUTTER, Institut de papyrologie et d’égyptologie de l’Université de Lille

2) Les observateurs

– V. L. GROTTANELLI, Institut d’ethnologie, Université de Rome, Italie

– S. HABLE SELASSIE, Department of History, Haile Selassie I University, Éthiopie

– F. H. HUSSEIN, Department of Physical Anthropology, National Research Center, Le Caire, Égypte

– L. KAKOSY, Department of Ancient Oriental History, Université de Budapest V, Hongrie

– P. A. DIOP, journaliste du quotidien sénégalais Le Soleil, Dakar, Sénégal

3) Les représentants de l’UNESCO

– M. GLÉLÉ, Division des études des cultures

– Mme MELCER, Division des études des cultures

Le panel des spécialistes était divisé en trois courants. D’abord, ceux qui prétendaient que l’Egypte pharaonique était caucasienne ensuite, ceux qui soutenaient l’idée d’une civilisation orientale et enfin, les tenants d’une civilisation négro-africaine. Ces derniers, étaient les Professeurs Cheikh Anta DIOP et Théophile OBENGA.

 

 

Pr Cheikh Anta Diop, historien et physicien, Université de Dakar, Sénégal

 

Pr Théophile OBENGA, historien et linguiste, Université de Brazzaville, Congo

                                                                         

 

Les professeurs DIOP et OBENGA avaient face à eux 18 spécialistes. Ces derniers avaient certes des divergences mais présentaient comme dénominateur commun une idée « obsessionnelle »  sur la civilisation égyptienne : << tout sauf noire! >>. Les échanges se firent entre représentants de plusieurs disciplines : archéologie, l’anthropologie, la biologie, la chimie, la linguistique, la géographie, etc.

  • L’arbitrage définitif de l’UNESCO

A l’issu du colloque, la thèse d’une Egypte pharaonique négro-africaine fut formellement retenue par l’UNESCO. Le rapporteur Jean DÉVISSE (Université Paris VIII) dans sa conclusion générale écrivit: « la très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n’a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l’UNESCO, une contrepartie toujours égale. Il s’en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions». Le professeur VERCOUTTER (Institut de papyrologie et d’égyptologie de l’Université de Lille) a déclaré que, pour lui, l’Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser. Le professeur LECLANT (Université de Paris-Sorbonne) a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens.

Enfin, les Actes de ce colloque, sont publiés par l’UNESCO dans Le peuplement de l’Égypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique, Histoire générale de l’Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978. Le lecteur trouvera également un rapport de synthèse en annexe du Volume II de l’Histoire générale de l’Afrique, Paris, Jeune Afrique/Stock/UNESCO, 1980, pp. 795-823.

DIALLO Mamadou

La plume d’Ishango pour ADN

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