Prince Bafouolo est un passionné de journalisme. Il est entré dans la profession un peu par hasard. Mais son parcours force l’admiration. En 16 ans, il n’a pas démérité. Portrait d’un autodidacte qui s’affirme sans complexe.
Nous lui avons donné rendez-vous dans un café de Strasbourg Saint Dénis dans le 10e arrondissement de Paris. Le style décontracté, Prince Bafouolo nous parle d’emblée de son amour pour l’Afrique, et de la nécessité de rendre l’ascenseur à ce continent qui l’a vu naître. « Autant nous devons respecter les lois de la France notre pays d’accueil et contribuer à son développement, autant nous avons tout intérêt à ne pas oublier d’où nous venons » lance-t-il. Hémicycles d’Afrique, le site qu’il a créé pour mettre en lumière l’actualité des parlements et des conseils municipaux d’Afrique s’inscrit sans doute dans cette optique. « En Afrique beaucoup de gens ne savent pas faire la différence entre un projet et une proposition de loi par exemple. Y compris certains candidats aux élections législatives. J’ai créé ce média pour permettre aux populations de s’approprier ces institutions » affirme-t-il. Parallèlement à la gestion de son site, il travaille comme chroniqueur pour l’émission Couleurs tropicales de Radio France Internationale. Une consécration pour ce jeune garçon qui n’était pas prédestiné à faire ce métier qu’il a appris sur le tas.
Journaliste, contre la volonté de sa famille
Prince Bafouolo est l’unique garçon et benjamin de sa famille. Né à Pointe-Noire au Congo en 1981, il grandit aux côtés de sa famille dans la capitale économique du Congo. Après son baccalauréat en comptabilité gestion obtenu au lycée technique et commercial Bizi, il s’installe à Brazzaville la capitale, et s’inscrit à la faculté de droit de l’université Marien N’gouabi. « Je ne suis resté qu’une année. J’étais très embêté par la pléthore des étudiants dans l’amphi. Les cours n’étaient pas réguliers. Les conditions d’études me démotivaient ». Sa famille décide de l’envoyer au Canada où réside sa sœur aînée, afin de poursuivre ses études de droit pour devenir avocat. Pour se faire, il doit passer par le Bénin afin de préparer ce voyage. Malheureusement, la procédure n’aboutira jamais. Tous les soirs, il écoute l’émission Africa Song présentée par Robert Brazza sur Africa N 1. « Cela m’a donné envie de faire de la radio. J’ai tenté en vain de décrocher un stage ou un temps d’antenne sans succès. C’est neuf (9) mois après que l’on m’a proposé un stage d’un mois dans une rédaction ». Il découvre alors ce qui deviendra sa passion et sa profession. Un mois plus tard, il décide de suivre des modules de formation en animation, reportage radio et déontologie du journalisme au sein de Radio Ecole APM, un centre de formation membre de la Fédérations des Radios Communautaires et Assimilés du Bénin (FerCAB). Sa famille s’oppose. Déterminé, il sacrifie son argent de poche mensuel pour payer sa formation. Suite à cette formation il signe son premier contrat en juin 2005. Le jeune journaliste affûte ses armes.
Travailler dur pour s’affirmer
Rentré au Congo en 2006 il enchaine stages et collaborations à titre bénévole : DVS+, DRTV, Le Nouvel Observateur, La Rue Meurt, Le Trottoir. « Je voulais me familiariser avec les médias et les journalistes congolais » confie-t-il. En 2009, il intègre le groupe de presse MNCOM qui détient MN Radio et MN TV. Il est nommé rédacteur en chef et présente la grande édition du journal. En 2010, il est 3e prix de meilleur reportage radio lors du Prix Média Espoir et en 2011 il est sacré meilleur reportage télévision du Congo par Les Oscars de la presse Congolaise. « Je ne m’attendais pas à tout ça, je voulais simplement faire mon métier. Que cela ait été récompensé, c’est tant mieux ». Parallèlement, il travaille pour le magazine « Le Métropolis ». En 2012, il est sélectionné avec neuf (9) autres journalistes africains par CFI Médias pour couvrir le sommet de la terre (Rio+20) à Rio de Janeiro, au Brésil. En novembre 2011, suite à plusieurs malentendus avec sa hiérarchie, il démissionne de MNTV et se retire du monde de la presse. Il décide de se lancer dans la communication. En Janvier 2012, il travaille pour l’agence « Nathos communication » spécialisée dans la communication politique et collabore agence Clockers. Mais sa passion pour les médias va très vite le rattraper. Deux ans après, il signe avec Africa 24 comme correspondant au Congo. En même temps, il collabore avec l’agence turque Anadolu et le site d’informations Afrique Actualité basé en France. En 2016, il s’installe en France et lance le 1er avril 2018 le site d’informations Hémicycles d’Afrique, premier média spécialisé dans l’actualité des parlements et conseils municipaux d’Afrique. C’est notamment grâce à cette initiative qu’il est contacté par Couleurs Tropicales, pour faire découvrir aux auditeurs des lois votés dans les parlements africains. « J’ai commencé le journalisme sans diplôme. Certains me sous-estimaient. D’autres ne croyaient pas en moi. Y compris dans ma famille. Ce n’était pas évident de s’affirmer. Il a fallu croire en moi et travailler dur pour montrer de quoi j’étais capable. Aujourd’hui, Passé sur RFI est une consécration ». Conclut-il.
Pour suivre son site: https://hemicyclesdafrique.com/
ADN, La Plume d’Ishango