Chinafrica-bashing

Le 3e Forum sur la coopération sino-africaine s’est tenu à Pékin les 3 et 4 septembre 2018. Depuis, le bruit médiatique autour des relations sino-africaines s’est amplifié: les médias occidentaux, français en particulier, sont désormais les « hérauts » de la défense des intérêts africains face à la Chine.

Les articles et autres reportages sur les relations sino-africaines ne se cantonnent plus à ce sacro-saint devoir d’information (neutre svp !) qui incombent aux médias. Ainsi, un observateur averti remarquera que la ligne séparant l’information et la propagande est allègrement franchie. Pour rappel, la propagande est définie par le dictionnaire Larousse comme « un ensemble d’actions et de stratégies destinées à influencer la pensée et les actes d’une population » et l’information pouvant se définir comme « l’action de donner la connaissance d’un fait avec neutralité ». Dans ce contexte, l’idée dominante qui ressort de leurs réflexions est que « la Chine exploite l’Afrique !». Comme d’habitude, les fantasmes de toutes sortes s’invitent dans les analyses qui, révèlent clairement des gens agacés par la concurrence diplomatique chinoise.

Malheureusement, comme sur bien d’autres sujets, la presse et les intellectuels africains restent avares en analyses et autres réflexions « autonomes » sur la question. Par « autonome » nous entendons bien-sûr que les africains donnent leurs opinions à partir de leurs propres analyses sans, verser dans un quelconque suivisme des opinions occidentales.

De quoi je me mêle ?

L’Afrique n’a pas le monopole des investissements chinois et en réalité le continent ne capte que 3% des investissements chinois dans le monde. Pourtant, ce n’est pas l’idée qu’on se fait en lisant une certaine presse qui n’hésite pas à parler de « mainmise chinoise en Afrique ».

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Enfin bref, il est facile de relever la démagogie de ces analyses car, l’Afrique, du fait de l’évasion fiscale des multinationales occidentales perd tous les 24 mois l’équivalent d’un plan Marshall soit, 180 milliards de dollars. Évidemment, cette presse qui s’alarme de l’hégémonie chinoise en Afrique est muette sur ce genre de sujets.  On ne lui en tiendra pas rigueur car, cela ne va pas dans le sens de leurs intérêts, et ceci d’autant plus qu’on sait que ces médias sont souvent les propriétés de ces multinationales qui orchestrent cette évasion fiscale. Ces mêmes médias qui parlent d’hégémonie chinoise sont souvent, les propriétés de ces multinationales qui perdent des marchés en Afrique face à des  concurrents chinois.   Nous vous épargnerons le détail de tous ces mécanismes du commerce international où, les africains n’ont jamais trouvé leur compte, et qui ont été pensées pour qu’ils n’y trouvent pas leur compte. Au vu de tous ces paradoxes, ce sont ces mêmes personnes qui viennent se porter en grands défenseurs des intérêts de l’Afrique face à la Chine : cherchez l’erreur !

Ce qui leur pose problème

En réalité, le problème c’est que l’Afrique a aujourd’hui le choix de ses partenaires avec l’émergence de la Chine. Cette situation de concurrence entre les pays occidentaux et la Chine est évidemment néfaste pour les intérêts des premiers. Donc, il serait naïf de croire que les levées de boucliers contre cette coopération sino-africaine  sont sous-tendues par un quelconque souci des intérêts africains. Autrement dit,  tous ceux qui critiquent la coopération sino-africaine prêchent en réalité pour leur propre paroisse : ils défendent leurs propres intérêts, pas ceux de l’Afrique.

Ce qu’on attend des africains

Aux africains de se pencher sur les relations sino-africaines et d’adopter une analyse à 360°. L’objectif étant de comprendre et restituer une réflexion de qualité sur les tenants et aboutissants de cette relation. Nous ne prônons pas à travers cet éditorial une «chinafrica-mania» encore moins, une «chinafrica-bashing». Car, ni l’une ni l’autre ne relève d’une attitude intelligente et responsable.

En effet, les relations internationales sont  basées sur la capacité et la volonté des différentes parties à négocier et à défendre leurs intérêts respectifs.  Cette règle s’applique aussi aux pays occidentaux qui, même entre eux ne se font aucun cadeau comme nous l’avons montré dans un article précédent titré <<Dissiper l’équivoque du plan Marshall >>.

Les états n’ont pas d’amis

Bien d’autres actualités étayent cela car, nous assistons aux feuilletons des tiraillements au sein de l’Union Européenne, entre l’UE et la Grande Bretagne sur le Brexit.   Nous assistons à un dégel entre l’Europe et la Russie sur fond de front anti-Trump, alors qu’il y a peu cette même Europe demandait l’appui des USA contre l’hégémonie russe. Des pays d’Asie du  Sud-Est (Vietnam, Thaïlande) se placent depuis une décennie sous le giron américain pour se protéger de l’hégémonisme de Pékin en mer de Chine. Pourtant ces pays cités étaient des alliés indéfectibles de la Chine et étaient profondément anti-américains pendant la guerre froide.

En résumé, comme le disait l’autre, les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Nous en concluons donc que la Chine n’est pas l’ami des Africains et elle ne le sera jamais. Elle poursuit ses intérêts comme nous le montrent si bien les médias occidentaux. Mais, ce n’est parce que pas les critiques des dérives et risques des relations sino-africaines viennent  des occidentaux que ces derniers seraient …les amis des Africains.

Diallo Mamadou,

La plume d’Ishango pour ADN

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