Mouammar Kadhafi, le guide de la révolution libyenne, assassiné le 20 octobre 2011 à la suite d’un raid de l’OTAN, semble immortel, tant la jeunesse africaine le tient en haute estime. Celle-ci n’hésite pas à le mettre sur le même piédestal que les chantres du panafricanisme comme Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Winnie Mandela ou N’kwamé N’Kruma.
Cette place accordée à Kadhafi n’a rien de naturel, elle reste avant tout le résultat combiné des facteurs suivants :
– la stratégie de communication du guide libyen, qui disposait de moyens colossaux et d’une vision à long terme,
– la jeunesse de ces Africains qui l’adulent et dont 70 % ont moins de 35 ans,
– l’absence de leader charismatique pour cette jeunesse : se cherchant des repères, celle-ci se jette sur n’importe quel dirigeant qui se pose en adversaire de l’Occident,
– l’absence de médias panafricains : tout pays ou organisation étrangère peut facilement convertir les masses africaines à sa cause, car il n’y a, à ce jour, aucun média panafricain capable d’organiser la contre-propagande et d’ouvrir les yeux des Africains sur la marche du monde.
L’Afrique : le plan B de Kadhafi
Le 8 septembre 1999 marque un tournant dans la politique internationale du guide libyen, qui accueille le sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à Syrte. Face aux chefs d’États africains, Mouammar Kadhafi prononce un discours appelant ses pairs à l’urgence de s’unir en ces termes : « Bismarck a unifié l’Allemagne. Lincoln a fait de même en Amérique, Mao en Chine, Garibaldi en Italie et Gandhi en Inde. Notre mission consiste, aujourd’hui, à réaliser l’unité africaine ». L’idée est louable, sauf que ce discours, si on le place dans la continuité des discours prononcés pendant les décennies écoulées, révèle en réalité un Mouammar Kadhafi dépité par de vains efforts pour réaliser son rêve le plus cher : unir les Arabes. Un dépit qu’il avait exprimé, un an plus tôt (le 1er septembre 1998), en ces termes : « Si les Arabes n’éprouvent aujourd’hui aucun intérêt pour la réunification de leurs nations, nous autres, Libyens, Égyptiens, Soudanais, et tous les Maghrébins devrions mettre un bémol à nos sentiments et nous considérer de l’Afrique ».
Il apparait à la lumière de ces déclarations que le guide , qui a démarré son règne en 1969 par des efforts d’unification du monde arabe, aurait bien voulu qu’on se souvienne de lui comme du chantre du panarabisme. Pendant 30 ans, il a essayé d’incarner le président égyptien Gamal Abdel Nasser qui avait lancé l’idée d’une renaissance arabe devant s’affranchir des frontières issues du découpage colonial.
Le plan A : unir ses frères arabes
Seulement 3 mois après son accession au pouvoir, en 1969, Kadhafi annonce la couleur de son panarabisme en lançant un projet de fédération liant son pays, l’Égypte et la Syrie. Celui-ci se traduira par un échec. Moins de 2 ans plus tard, un projet d’union avec son voisin de l’Est, l’Égypte, est lancé et se traduira par un nouvel échec. En 1974, il lance un autre projet d’union mais cette fois-ci avec son voisin de l’Ouest : la Tunisie. Comme avec son voisin égyptien, ce projet sera également un échec. Son obsession d’incarner l’héritage de Gamal Abdel Nasser a sous-tendu toutes ces tentatives, comme le montre ce discours qu’il prononça le 15 mars 1997 dans la ville libyenne de Sebha : « Nous (les Arabes !) sommes les enfants d’une même nation, d’un même peuple et d’une même famille, et nous faisons face aux mêmes dangers. L’unité est donc pour nous une nécessité vitale. Vous entendez parler du problème Lockerbie en Libye, de l’encerclement de la Syrie, des enclaves marocaines de Ceuta et Mellila sous domination étrangère, de l’occupation des îles Hanich par l’Érythrée, de la guerre civile en Algérie, de la violence terroriste en Égypte, etc. Face à tous ces problèmes, la nation arabe affiche sa léthargie, sa division et sa faiblesse. Si elle ne parvient pas à réaliser son unité, elle sera perdue à jamais ».
Du panarabisme au plan B : le panafricanisme
Croulant sous le poids d’un embargo international, conscient des faiblesses structurelles de la Libye (faible population, mosaïques de tribus, etc.), et encore plus conscient de la géopolitique mondiale, où il était un ennemi à abattre, Kadhafi devait absolument se poser en leader d’une région du monde. Son but ultime étant la pérennisation de son pouvoir et sa transmission à ses fils, l’objectif intermédiaire était d’être assez influent en dehors de son pays. Cette influence internationale devait être un des éléments (parmi tant d’autres !) pour protéger son pouvoir de toute forme de déstabilisation extérieure. Son plan n’ayant pas marché avec les Arabes, il se tourna vers les Africains. Ainsi, se poser en leader de l’Afrique lui permettrait de se poser en interlocuteur incontournable sur la scène mondiale. L’Afrique était un moyen d’atteindre son but, pas une fin en soi.
Pour cela, il déroulera toute une stratégie que nous allons détailler. Pour rappel, la stratégie est définie comme « un ensemble d’actions coordonnées, d’opérations habiles, de manœuvres en vue d’atteindre un but précis ». Le but immédiat de Kadhafi en cette période étant de « briser l’embargo et de rejoindre la scène internationale », nous vous présentons l’ensemble des actions coordonnées, d’opérations habiles, de manœuvres en vue de sortir de son isolement international dans la deuxième partie de cet article.
Diallo Mamadou,
La Plume d’Ishango!
Pour ma part concernant ce brillant article très intéressant ,je comprends pourquoi le panafricanisme de Kadhafi a toujours été biaisé, au point où nombreux ne le mette pas au même pieds d’égalité que Nkrumah, Thomas, Sankara.
Kadhafi voulait également islaliser toute l’Afrique ce qui est totalement inadmissible et cela l’était pour nombreux des dirigeants malgré les sommes colossaux qu’il donnait à ses derniers pour la construction de grande mosquée ,le Congo a également bénéficié de cela bien que la construction de la mosquée n’a jamais vu le jour.
En lisant l’article, peut on dire que les différents groupes formés et entretenue par Kadhafi sont ils à l’origine du terrorisme aujourd’hui en Afrique? Sont il une récupération des occidentaux notamment au Mali et Nigéria?
C’est article est vraiment à charge contre Kadhafi. Si Kadhafi était dans la vision de Nasser, je crois bien également que ses ambitions panafricanismes étaient bonnes.
Concernant Charles Taylor ce sont des mensonges à son égard
Je tiens également à t’informer que Kadhafi avait déjà commencé ses consultations pour les etats-unis d’Afrique, notamment il avait fait appel à tous les grands rois et sages traditionnelles d’Afrique pour exposer ses projets pour l’Afrique.
Bien qu’ayant des ambitions d’être le roi de l’Afrique comme il aimait si bien le dire, bien ayant connu des echecs avec le panarabisme comme le décrit si bien l’article. Je ne pense pas que le projet de Kadhafi pour l’unité africaine allait nuire à l’Afrique, bien au contraire. Et je pense que Kadhafi allait just constituer une étape comme mal nécessaire pour notre souveraineté totale et développement, sa contribution et projets auraient été un mal nécessaire pour l’Afrique.
Et s’il fallait faire u’ choix entre les projets politiques de l’Afrique à ce de la France-Afrique, Africom, je choisirai ce de Kadhafi d’où pour moi Kadhafi est un panafricaniste à part entière ,il faut juste se poser des questions qui a aide charle Taylor de la prison américaine en 1985? Pensez vous qu’en 1985 Kadhafi était en bon terme avec les américains pour pouvoir organiser l’évasion d’un homme comme charle Taylor?
Charle Taylor en quittant l’Amérique a directement rejoins le Ghana pour organiser la rébellion contre Samuel do, pour s’armer il faisait le trafic du diamants rappeler vous de « Blood of diamonds « .et Taylor vendait le diamant à qui? En plus de cela dans cette guerre il y avait aussi un autre seigneur de guerre Prince Johnson.
Nous savons bien que Samuel do n’était pas en bon terme avec houphouët boigny pour avoir assassiné son beau l’ex président du liberia afin de prendre le pouvoir et nous savons également que Samuel do était un homme de sang et dictateur, tribaliste, bien qu’entretenant des relations avec des présidents américains mais cela n’exclut que les américains jouent un double jeu avec lui pour leurs intérêts comme ils en ont fait avec Mobutu à cela s’ajoute aussi la France par houphouët pour régler ses comptes avec Samuel do en appuyant la rébellion libérienne de Charles Taylor et prince Johnson.
Son but ultime est de pérenniser le pouvoir et assurer la transmission MDR!!!
Est ce que Bongo père, Eyadéma père on a eu besoin dans projet aussi gigantesque qui est l’hégémonie de l’Afrique, les etats-unis d’Afrique pour periniser leur pouvoir et la transmettre? Sachant que Kadhafi avait déjà bien le contrôle et l’influence de tout son pays.
D’ailleurs on impute la préparation de l’assassinat de Thomas sankara a Charle Taylor dans le commandant qui a tué sankara, Prince Johnson l’accuse même sur ce point.
Sankara refusait que le Burkina serve de base arrière à la rébellion libérienne.